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Channel: Le blog d'Abistodenas
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CINSAULT(veur) #15 : Allez LES MAUVES !

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Le monde de l'ovalie est en émoi : ce week-end, en prime time, devant des millions d'anglophobes surexcités, le XV de la rose s'est fait renvoyer à ses chères études par des kangourous n'ayant jamais craint les épines de leurs adversaires du soir. Exclus de leur mondial... Du jamais vu ! Déjà que la défaite, quelques jours auparavant, face aux poireaux voisins avait des allures de soupe à la grimace...

Est-ce pour cela que le vin du soir, cette cuvée LES MAUVES, avait soudain tous les atouts pour devenir un incontournable de ma cave ? Je ne pense pas... Certes, le plaisir de pouvoir entonner quelques Sorry, good game ! façon Will Carling* restait un tantinet jouissif, mais force est de constater qu'une autre putain de belle équipe venait malgré tout d'envahir mon verre. Ni bleu, ni blanc, ni coq, ni rose : un simple rouge  ambassadeur d'un bon goût à la française, d'un véritable french flair liquide. 
Le genre de boisson que l'on ne retrouve malheureusement jamais sur les comptoirs des 3èmes mi-temps où règne sans partage la bière bien fraîche coupée à la flotte. Le genre de pinard qui, s'il tentait de s'épanouir de l'autre côté de la Manche ne donnerait qu'un vulgaire jus de chaussettes à peine digne d'un café de bord de touche. Bref, un jus de chez nous, de ce Languedoc où parfois, à la sueur et au camphre se mêlent aussi les odeurs festives des cuviers.
Évidemment, derrière cette étiquette sur laquelle semble se détacher une fleur de mauve sylvestre, une de ces nombreuses "mauvaises herbes de la vigne" locale, c'est un nouveau cinsault qui se laisse goûter. Un cinsault qui comme celui d'Olivier Cohen vient d'Argelliers dans l'Hérault, terre fraîche des hauteurs montpelliéraines située à quelques encablures du Pic Saint Loup. Une vigne quadragénaire, une vendange manuelle en caissettes, ensuite éraflée, qui se structurera doucement lors d'une infusion d'un mois environ avant un élevage en cuve d'une année. Le résultat ? Un vin profond, floral et vif comme on aimerait en siroter bien plus souvent. D'une évidence folle, il semble déployer son jeu comme une bande de cadets tâtant la gonfle depuis leur sortie de la crèche. Fluide sans être diaphane, juteux sans être enfantin, élégant sans lever le petit doigt... Bref, c'est bon et même très bon.
Mais alors, qui se cache derrière ce jus ? Et bien, ce sont deux tronches de vins, Frédéric Porro et Stéphanie Ponson, bichonnant quelques hectares de vignes dans un projet commun : le Mas des Agrunelles. Deux vignerons qui méritent toute notre attention car au-delà de cette simple bouteille c'est un terroir riche et encore méconnu** qu'ils exploitent avec talent. 

Alors, pour le bien-être de vos papilles, quand la partie commencera, autour d'une bonne côte de bœuf ou d'une grillade entre potes, il faudra dorénavant s'écrier : Allez LES MAUVES ! 

 
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* Will Carling, capitaine du XV anglais durant les années 90 avait pris l'habitude, après une victoire contre les français, de serrer la main de ses adversaires du jour en s'écriant plein de compassion et d'ironie : « Sorry, good game» (« Désolé, bon match »)

** Méconnu, il faut le dire vite, car cela fait déjà bien longtemps que les terroirs situées autour d'Aniane ou Saint Jean de Fos sont réputés pour leurs vins et leurs vignerons... 
 


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