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Channel: Le blog d'Abistodenas
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CINSAULT(veur) #12 : Fallait bien que ça arrive...

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12ème virée dans les rangs de cinsault de notre sud de France. Une douzième étape qui ne déroulera pas, pour une fois, le tapis rouge à ce cépage que je me plais à découvrir chaque jour un peu plus. En effet, quand on se lance dans un pseudo référencement de toutes les cuvées de cinsault vinifiées en rouge ici bas, il est normal que certaines rencontres ne soient pas des plus exaltantes.

Ce fut donc le cas dernièrement. Un samedi de juin, quelques minutes avant de rejoindre Antonin, le blogueur nature que le Tout-Paris s'arrache à grandes lampées de vin nature, je décidais de passer faire le tour des popotes liquides de notre belle ville rose, en quête de quelques canons de cinsault à me glisser dans le gosier. Parmi les quelques trouvailles du jour, le VO d'Olivier Cohen dont je vous ai parlé il y a peu, mais aussi ces deux autres bouteilles que je ne pourrai malheureusement pas porter au pinacle de mes émotions liquides du moment. Ce n'est jamais agréable de tomber sur un flacon qui ne vous emballe pas. Néanmoins, cela reste une porte ouverte à la discussion, pour essayer de comprendre et évidemment de regoûter, car ceux dont je vais vous parler méritent bien plus qu'une attention passagère, le temps d'une bouteille qui se vide dans les verres, déception ou pas.
Commençons par un petit nouveau : le Domaine de la Barthassade, situé au cœur des Terrasses du Larzac, qui exploite 9 hectares de vignes en agriculture biologique. Aux manettes, Guillaume Baron, qui après s'être formé en Bourgogne chez Dominique Derain, Sylvain Pataille, ainsi que chez Trévallon, crée le domaine à Aniane, terre viticole accueillant pas mal de bonnes boutanches. 

2014 sera son premier millésime et cette bouteille de Pur C * ma première rencontre avec le domaine. 

La bouteille est ouverte et épaulée le temps que le repas se fasse. Au nez, une note végétale semble masquer un fruit mordant pourtant bien présent. Quelques minutes plus tard, les marqueurs du cinsault ont du mal à faire surface, le vin semble verrouillé derrière un voile de caramel et une étrange note de poivron d'où s'échappe discrètement une touche de framboise avenante mais si timide... Dommage. La bouche est fraîche, fluide et propose un toucher souple et agréable. La finale, un poil lactique, manque un peu de souffle ; ce petit cinsault semble un peu malingre, et à cette heure, il n'a pas encore trouvé sa place. C'est certes jeune, mais ce genre de petit vin se veut croquant et rieur dès sa tendre enfance, alors...
Quelques jours plus tard, à l'occasion d'un repas à rallonge chez un ami du centre de Toulouse, le cinsault, camouflé derrière quelques chaussettes aussi divertissantes qu'éphémères, refera son apparition sous les traits fins mais fatigués d'un Capitelles de Centeilles 2004. Un cinsault d'exception, vinifié avec une attention toute particulière par Patricia Boyer-Domergue qui, malheureusement, dans l'objectivité toute relative d'une dégustation à l'aveugle passera à côté de sa mission initiale. Car ici, ce cinsault de vignes cinquantenaires, expression ultime de son terroir du Minervois avec ses 8 semaines de macération, présente un profil que le soleil semble avoir buriné avec insistance. Le nez est assez dissocié, entre alcool et fruits confits, le pruneau se glissant de façon assez présomptueuse sur une trame cacaoté un peu insistante. En bouche, la fraîcheur du cinsault ne suffit pas à équilibrer un propos trop chaleureux à mon goût et finalement sans structure assez solide pour soutenir les assauts échauffants de telles maturités. Un style un peu old school diraient certains, peut-être... Quoi qu'il en soit, j'ai plus souvent été emballé par les carignans du domaine, voire par la cuvée C de Centeilles, un modèle d'engagement vigneron pour que quelques uns de ces cépages un temps oubliés puissent retrouver leur éclat d'antan.
Il va sans dire que ces quelques mots au sujet de deux cuvées au profil totalement différent ne sont que le reflet d'une dégustation à un instant donné. Mais derrière la légère déception occasionnée par ces deux bouteilles, c'est avant tout le sentiment d'une curiosité exacerbée par la découverte d'un nouveau domaine avec lequel se familiariser et les souvenirs nombreux de réjouissances liquides partagées autour des vins d'un des domaines emblématiques de la région que je souhaite retenir. 

Et si le cinsault fait parfois la gueule, son élégance et sa fraîcheur ne laissent malgré tout jamais indifférent. 

Fallait bien que ça arrive, alors, vivement la prochaine rencontre...

David Farge "ABISTODENAS" 

* Il se murmure qu'une partie de la vendange de cinsault séjourne actuellement dans un bois qui sied parfois à merveille à ce cépage, il me tarde de découvrir cette nouvelle partition d'un domaine que je découvre et qui semble vouloir mettre à l'honneur ce cépage qui me tient particulièrement à cœur. 


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