C'est vendredi, le dernier du mois qui plus est. Et qui dit dernier vendredi du mois, dit vendredis du vin. Ainsi, à l'occasion de cette 73ème édition, Tom, blogueur multi-carte dévoué au vin et au 7ème art tendance geek, en charge de nourrir notre curiosité avec un thème affriolant, nous demande ce mois-ci de dévoiler cette facette obscure qui nous titille à l'heure de déboucher quelques flacons, sources d'un plaisir évidemment partagé.
Vous comprendrez aisément la référence aux 50 nuances de Grey (cérame ou émaillé)...
Bon, malgré le FLOP (attendu) du gros navet censé émoustiller la ménagère de moins de cinquante ans, film qui a défaut de rentrer dans les annales (sic) aura eu au moins le mérite de mettre un coup de projecteur sur l'univers feutré des magasins de bricolage, je vais néanmoins m’épancher sur la chose.
En effet, hors de question de lier le destin du vin, organe de plaisir quotidien (ou presque) à une bouse tombée dans l'oubli le jour de sa sortie, un film semblant être au cinéma ce qu'Annie Cordy est au sadomasochisme (ou l'inverse). Bref, je ne vais pas m'engager dans une diatribe cinématographique, car ce n'est ni le lieu, ni l'endroit, d'autant plus que vous devez commencer à avoir soif.
Il est donc l'heure de passer à qu'on fesse. De vous livrer mon petit pêché mignon en terme d'entorse à mon amour pour la diversité vinicole et à ses infinies nuances. Car, il est vrai, que si ma passion pour le vin ne s'essouffle aucunement depuis ces années passées, c'est en grande partie grâce à ce pluralisme, cette cacophonie organoleptique, qui sied si bien au raisin et à ses déclinaisons viniques.
Un éclectisme pourtant parfois mis à mal par ce soupçon d'uniformisation que permet une méthode de vinification : la macération carbonique.
Technique souvent assimilée aux vins primeurs ou au beaujolais (pas que nouveau donc), elle permet en un tour de passe-passe, grâce à une fermentation se déroulant dans un milieu saturé en gaz carbonique, d’exacerber le côté câlinant, fruité et souple du vin rouge notamment. Malgré tout, non pas que mon palais de fillette innocente soit d'une fragilité telle qu'il ne puisse s’acoquiner de quelques tanins anguleux, je dois bien avouer que cette douce étreinte proposé par ce style de vin possède bien quelques charmes pour appâter mes papilles.
Le problème avec la carbo (si s'en est un) c'est que l'on a parfois l'impression de boire toujours un peu le même vin. Notamment sur la jeunesse, où la pétulance d'un fruit si avenant semble éteindre toute emprise du terroir sur la bouteille. À l'aveugle, on passerait presque sa vie dans le beaujolais... Charmante région au demeurant, il n'en reste pas moins qui si vous deviez bouffer, comme mon chat et ses croquettes, la même gamelle chaque jour, une évidente impression de lassitude s'emparerait indubitablement de votre passion jusqu'ici langoureuse pour le jus de treille.
Mais bien heureusement, mon palais n'est en rien lié à quelques menus flacons dictant leur message liquide un poil uniforme. Et il n'est pas rare, qu'en matière d'émotions bachiques, l'infidélité soit de mise.
Ainsi, quand pointe l'envie soudaine d'une rencontre doucereuse avec les courbes arrondies et gourmande d'un de ces jus, je me faufile discrètement vers ma cave d'où j’extrais, non sans attention, un de ces flacons que j'affectionne en secret. La dernière fois ? Ce fut une bouteille de Rozeta 2012, un corbières à contre-courant, vous l'aurez compris. Un jus encore vif, où les petites baies sauvages éclatent comme autant de bulles d'un plaisir aussi simple qu'agréable. Alors, même si je sais qu'avec quelques années, ce qui sur sa jeunesse ressemble plus à un superbe beaujolais ayant pris le soleil qu'à un jus régional de souche (sic) commence à livrer l'expression très personnelle d'un superbe terroir, je craque. Et comme tant d'autre, je remercie Maxime Magnon, ce bourguignon devenu audois, ayant fait ses armes chez les plus grands (A.Selosse ou encore T.Allemand notamment), et qui, dans le plus grand respect de ses collines couvertes de vignes, au naturel, viens nous livrer sa partition d'un plaisir certain.